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Sanctuaire Saint Irénée

Irénée de Lyon n’est pas… de Lyon, puisqu’il est né, vers 120-130 après Jésus-Christ, dans la région de Smyrne, dans ce qu’on appelait alors Asia Minor, l’Asie Mineure, aujourd’hui Izmir, sur la côte occidentale de la Turquie Lui-même a écrit qu’il y avait reçu l’enseignement de saint Polycarpe (martyrisé en 155), qui avait recueilli dans sa jeunesse les paroles de saint Jean l’Evangéliste : d’où l’importance de cette filiation johannique pour l’Eglise de Lyon, filiation qui se retrouve dans le programme iconographique des vitraux de la nef offerts par L. Bégule au début du XXème s.: Jean et Polycarpe, Pothin et Irénée, deux martyres de 177 (Blandine et Biblis), les deux de 178 (Alexandre et Epipode). Par son milieu et son éducation, Irénée écrira donc en grec, bien que son œuvre nous soit connue en latin ; il ne reste que des fragments en grec.

S’il n’est pas de Lyon, Irénée est venu assez tôt, semble-t-il, dans cette importante ville de l’Empire romain fondée en 43 av. JC, qui devait compter, selon les historiens, environ 50.000 habitants au IIème siècle. Nous avons peu d’informations sur la communauté chrétienne qui s’y est développée mais, d’après les noms des martyrs de 177, on peut constater une grande diversité : ce ne sont pas que des étrangers plus ou moins grecs. Irénée ne sera pas martyrisé en 177 mais, selon une source tardive, en 202 : ni cette fin ni même la date de sa mort retenue par la tradition ne sont sûres. Néanmoins, l’Eglise catholique l’a reconnu martyr : d’où la couleur rouge des ornements sacerdotaux, le jour de sa fête.

Si le martyre d’Irénée n’est pas certain, il a reçu très tôt le titre de Père de l’Église, qui consacre ainsi la sûreté de sa doctrine  en même temps que l’exemplarité de sa vie : une doctrine sûre proclamée en un temps où les hérésies se multipliaient : en témoigne son œuvre la plus célèbre, le Contre les Hérésies ; une vie exemplaire illustrant le sens même de son nom qui signifie le Pacifique (il convainquit le Pape Victor, à la fin du IIème s., de ne pas sévir contre les Chrétiens orientaux qui voulaient célébrer la Résurrection à une autre date que Rome, maintenant ainsi l’unité de l’Église du Christ).

Le cardinal Philippe Barbarin avait lancé la procédure qui a abouti à la reconnaissance d’Irénée comme 37è Docteur de l’Église, et plus précisément Docteur de l’Unité, par le pape François, le 21 janvier 2022.

Son tombeau, dont l’existence est mentionnée par Grégoire de Tours dès le 6ème s., est vénéré dans la crypte, mais il est vide depuis les exactions des troupes du Baron des Adrets, en 1562. Si ses reliques, ici et là, semblent aussi nombreuses que douteuses, l’essentiel réside dans l’universalité de son message théologique, qui affirme, entre autres, l’autorité des Écritures, la succession apostolique à la suite de saint Pierre (il nous fournit la liste des douze premiers Papes), l’importance du rôle de la Vierge Marie qui rend possible l’Incarnation, la reconnaissance des quatre évangiles qui seront retenus comme canoniques, avec les quatre éléments du tétramorphe (lion, taureau, aigle et homme), enfin la dignité de l’homme, « être de progrès ».

Cette reconnaissance universelle est illustrée de façon frappante par le Livre d’Or déposé dans la crypte, où l’on voit se succéder alphabets, écritures, langues de toutes les contrées du monde. Car Irénée parle à tous : de l’homme vivant qui est la gloire de Dieu, de la vie de l’homme qui est la vision de Dieu, de l’Incarnation qui permet de faire de nous les enfants de Dieu, de l’Eucharistie qui donne à nos corps l’incorruptibilité, ou encore de l’Esprit Saint, source de vie et de vérité, qui procure la charité, « don, dit-il, plus précieux que la science, plus glorieux que la prophétie, supérieur à tous les autres charismes ».

Nous, Chrétiens de cette paroisse, nous devons être conscients et fiers de ce privilège qui est aussi une mission : veiller sur la sépulture du premier des grands théologiens de l’Eglise latine, Irénée lien de Paix entre les trois religions chrétiennes, ce saint qui a fait de l’Eglise de Lyon « l’Eglise peut-être la plus illustre après Rome », pour reprendre l’expression du cardinal Fesch, oncle de Napoléon et évêque de Lyon.

François Lagnau, Président de l’Association Culturelle des Sanctuaires de St Irénée-St Just.

Les extraits des écrits de St Irénée

« La gloire de Dieu c’est l’Homme vivant, et la vie de l’Homme c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procure la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu ».

(Saint Irénée, Contre les hérésies, IV  20, 7)

« L’Église, bien que disséminée dans le monde entier, préserve avec soin [la foi des Apôtres], comme si elle n’habitait qu’une seule maison ; de la même façon, elle croit dans ces vérités, comme si elle n’avait qu’une seule âme et un même cœur ; elle proclame, enseigne et transmet en plein accord ces vérités, comme si elle n’avait qu’une seule bouche. Les langues du monde sont différentes, mais la force de la tradition est unique et la même ».

(Saint Irénée, Contre les hérésies, I  10, 1-2)

« Irénée, artisan de paix »